Le Design Thinking : à la fois l’outil et le symptôme de l’évolution du design.

Pour son numéro special 1000, la lettre d’information Design_fax posait la question «  »quelle a été la meilleure innovation en matière de design ces dernières années ? » » à ses abonnés. Voici notre réponse !

Soyons un brin provocateur : le design thinking est la meilleure innovation design de ces dernières années !

Aucun professionnel digne de ce nom n’osera prétendre que le Design Thinking a inventé quoi que ce soit dans les méthodologies et pratiques du design. En revanche et c’est là la grande compétence des américains de Stanford, Ideo, etc. ils ont su « packager » le corpus en une méthodologie « industrielle » c’est à dire facile à expliquer, à faire accepter, à déployer et à répliquer, et à établir à son sujet une communication qui la rend à la fois désirable et à la portée de tous. N’est-ce pas bien un redesign du design, une mise en abime qui manquait, nous qui en France avons essayé par des lieux du design, des assises du design, et autres machins institutionnels d’expliquer l’intérêt du design au plus grand nombre ? Laissons de côté cette arrogance toute française de rejeter ce qui vient d‘outre-atlantique. Nous savons réutiliser le DT en l’améliorant de notre culture (les sciences humaines en particulier). C’est pragmatique, c’est simplifié jusqu’à en être simpliste, c’est efficace et cela passe le message.

Le DT ne veut pas dire la fin du design, bien au contraire, c’est le symptôme d’un nouveau cycle, un cycle où le design est internalisé et non plus la chasse gardée d’experts extérieurs à l’entreprise.

Car le DT est le symbole de l’incorporation du design dans la pensée de l’entreprise : avec sa traduction en méthodologies et en langage corporate.

Plus le DT sera diffusé, plus les entreprises connaîtront et reconnaîtront les apports du design, et donc plus elle feront appel aux designers de métier correspondant à leurs besoins réels. En revanche elle s’attendront à ce que les designers parlent leur langage et comprennent leurs contraintes.

Il se trouve encore certains experts du design à en être dérangés, ils vivent encore dans l’ancien monde, celui où leurs clients n’étaient pas en mesure de comprendre leur métier… C’était peut-être pratique, mais c’est fini ! La place attendue des designers est désormais avec les autres acteurs de l’entreprise, au coeur de l’orchestre, et non plus en « Diva ». Leur discipline est de mieux en mieux connue et reconnue, on n’attendra plus d’eux le seul geste artistique, et ils auront des comptes à rendre… comme les autres compétences de l’entreprise !

Le DT est à la fois la victoire du design et son allégeance à l’entreprise.

François-Xavier Faucher
cet article est paru p6 du Design_fax spécial n°1000

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