M&O jan’12 : consolidation et optimisme raisonné

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Le salon Maison et Objet vient de fermer ses portes, il se tenait à Paris-Villepinte du 20 au 24 janvier 2012.

Ce rendez-vous B2B international donne deux fois par an la tonalité du secteur déco/design sur les univers de la maison, du mobilier et de la mode (le salon de Milan faisant quant à lui plus la part belle à l’avant-garde, la création et le mobilier). Voici quelques traits saillants que nous en avons tirés.

Deux constats principaux :

  • Après une session M&O de septembre 2011 relativement atone, une session de très bonne qualité (celle-ci étant croissante depuis 2 à 3 ans) autant que commercialement positive.
  • La dictature du style a vécu. Il n’y a plus de « mainstream » hormis la cohérence et la recherche de sens. Les entreprises ont donc le champ libre pour travailler leur identité propre sur la base de leur savoir-faire, leur histoire, leur marché. C’est ce qu’attendent d’elles les consommateurs européens.


  • D’un point de vue business :

Session plutôt considérée comme positive par les exposants (pour certains même « la meilleure depuis 3 ans ! ») -même si la circonspection est de règle tant que les commandes n’ont pas été confirmées- dans un secteur fragilisé. La synchronisation avec la periode de soldes n’a pas trop impacté les ventes. Des consommateurs asiatiques très présents dans les achats.

  • D’un point de vue collections :

Elle sont de grande qualité.
Confirmation du retour des industriels à la simplicité, à la pureté (le baroque a définitivement disparu), c’est à dire recentrage des entreprises européennes sur leurs vrais savoir-faire, en parallèle avec l’augmentation de la qualité d’execution et de finition.
La nécessité de travailler la cohérence de leur marque semble avoir été prise en compte par de nombreuses sociétés, qui ne mettent plus tant en avant les signatures de designers que leurs valeurs.
On ressent une vraie recherche sur les matériaux utilisés : la majorité des industriels a pris le parti de se démarquer à l’international en valorisant leur savoir-faire, et en s’en sortant par le haut avec la qualité, voire en valorisant leur lien intime à l’artisanat.
Peu d’innovations de rupture, ou flagrantes : on consolide ce que l’on connaît (prudence prudence !), en utilisant la high tech mais pour la faire disparaître, comme fonction ou comme moyen pour améliorer les process de production et de personnalisation/commande à la demande (explosion de l’impression 3D, généralisation de la découpe numérique…).
De très nombreuses société de mobilier se sont replongées dans leur archives pour ressortir d’anciens classiques…
Fini le greenwashing. L’éco-design est présent, mais de manière pervasive : il n’en est plus jamais fait mention, cela semblerait presque une faute de gout…

  • D’un point de vue tendances (exercice périlleux et forcément subjectif, n’hésitez pas à donner votre point de vue !) :

Peu de « créativité débridée », malgré le thème annoncé par les organisateurs de Maison&Objet « crazy » : des produits raisonnables, aux lignes pures, intemporelles pour répondre aux attentes du public.
Difficile (et vain) de décrire une « tendance actuelle » : les codes se mélangent entre les époques, les références, les styles… les classiques sont réinterprétés… mais toujours dans le décalage (les objets sont inclinés et déstructurés pour se différencier). Certains évoquent le besoin du consommateur de se créer des « univers parallèles » à la Lewis Carroll pour relativiser le réel, se ménager une coulisse…
Confirmation du retour aux matières nobles (bois brut, pierre/marbre, laine, porcelaine, et du liège partout, partout…), elles gagnent en souplesse, en légèreté grâce aux apports des technologies numériques rendant le travail des matières facile. Elles sont faites pour être touchées, pour favoriser le contact (beaucoup de feutre).
Mais également le grand retour du plexiglass, traité de façon contemporaine pour jouer les effets de transparence, de juxtaposition de couleurs acidulées…
Besoin omniprésent de personnalisation, de différenciation subtile : l’individu veut se différencier, mais sans ostentation… De même, discrète excentricité par un détail voire un défaut dans l’objet (pour contrecarrer la conjoncture, la fin du monde ?) Utilisation de techniques artisanales : tricot, crochet…
Formes structurées mais asymétriques, les pieds se font discrets, l’assise se détache du sol, donnant un sentiment de lévitation. Les formes des années 50 et 70 sont à présent partout…
Les couleurs sont tranchées et unies : acidulées (rose, vert, bleu, jaune, rouge) mais surtout mélangées…
Qu’en conclure ? Qu’il n’y a pas de « mainstream » hormis la cohérence et la recherche de sens ! Ce sont donc ces dernières que vous pouvez (devez !) donc rechercher pour votre identité !

  • Sur le secteur spécifique de l’Edition :

Le secteur « Now! » consacré à l’édition contemporaine présentait un florissement de nouveaux éditeurs, proposant des produits généralement fabriqués en France ou en Europe, à des échelles modestes. On peut noter par exemple les désormais bien connus Esé, Petite Friture, Eno, La Corbeille, Moustache, Domestic, qui poursuivent la recherche de sens et de cohérence dans les objets du quotidien avec constance et rigueur. Mais également les toutes récentes Marcel by, Superette, Objekten, Haymann (que ceux que j’oublie me pardonnent…).

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