à la croisée de la transformation digitale et des problématiques écologiques
Obligations de conformité, pression des collaborateurs pour des pratique durables, clauses d’appels d’offres… le numérique responsable est devenu un enjeu stratégique incontournable pour les entreprises, à la croisée de la transformation digitale et des problématiques écologiques.
Mais attention au greenwashing : la nature complexe du numérique, avec ses chaînes de valeur et produits très spécifiques, rend l’évaluation des impacts environnementaux à l’aide de méthodes génériques particulièrement ardue. La difficulté réside également dans la double dimension du numérique, à la fois transverse (tous les secteurs sont désormais irrigués par le numérique) et systémique (modifier une variable affecte tout le système) . Au-delà de la réduction de leur impact environnemental, les exigences réglementaires auxquelles les entreprises doivent impérativement se conformer sont strictes, et les exigences sont croissantes en matière de Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE), cruciale pour la marque employeur (la cause environnementale est en 2024 la priorité RSE de 88% des entreprises françaises – https://www.vendredi.cc/barometre-rse-2024 )… Et la nécessité que les actions soient en cohérence avec une éthique citoyenne est de plus en plus présente dans les prises de position des grands chefs d’entreprises, marquant le début d’une prise de conscience.
Le secteur numérique est responsable de 3 à 4 % des émissions mondiales de GES (gaz à effet de serre), et ce chiffre ne cesse de croître, notamment avec l’usage des IA extremement consommatrices d’énergie. Il est donc crucial de concilier la transformation numérique avec la transition écologique, tout en abordant le CO2 comme une partie d’une approche plus globale qui inclut la gestion des ressources naturelles, des déchets, la sobriété énergétique, et la conformité des sous-traitants. Ainsi, l’enjeu pour les entreprises est double : réduire leur empreinte environnementale tout en maintenant le numérique comme levier pour la transformation durable.
Ce défi comporte des risques et des opportunités. Les risques sont financiers (amende, perte de revenus, coût liés à une mise à jour tardive des infrastructures), légaux (litiges et recours, civil, administratif ou pénal), et les effets néfastes sur l’image de marque en cas de greenwashing ou de non-transparence. D’un autre côté, les opportunités sont nombreuses : économies sur la durée de vie des équipements, innovation dans les processus, et un renforcement de l’image surtout avec la notion de « prime au leader », notamment auprès des générations les plus attentives à l’engagement sociétal et écologique des entreprises.
Les entreprises doivent se préparer à évoluer dans un environnement où la régulation se durcit et où les attentes des consommateurs, des collaborateurs, et des partenaires économiques se tournent de plus en plus vers des solutions vraiment responsables.
Ce dossier a pour but de faire un tour d’horizon sur les enjeux et les obligations liés au numérique responsable en entreprise tout en proposant des pistes concrètes et pragmatiques pour la mise en place d’une démarche globale et raisonnée, adressant conformité légale (selon la taille et l’activité de l’entreprise), innovation durable, et cohérence éthique.
Nous verrons également l’importance de mettre en place une démarche d’audit et de mise en œuvre réfléchie et intégrée pour éviter les pièges du greenwashing ou des démarche qualité décorrélées de l’opérationnel.
Quelques chiffres sur l’impact du numérique :
- le poids environnemental significatif du numérique en France : Les impacts environnementaux annuels du numérique en France représentent 6,3% de la consommation d’énergie primaire, 3,3% des émissions de GES, 2,2% de la consommation d’eau du territoire et une excavation de près de 4 milliards de tonnes de terre. (Bordage, F., de Montenay, L., & Vergeynst, O. (2021). Étude : impacts environnementaux du numérique en France. Green.it)
- 79 % de l’empreinte carbone du numérique provient des équipements utilisateurs (smartphones, ordinateurs, téléviseurs), dont 80 % des émissions sont générées lors de leur fabrication. (source Ademe/Arcep https://www.arcep.fr/la-regulation/grands-dossiers-thematiques-transverses/lempreinte-environnementale-du-numerique/etude-ademe-arcep-empreinte-environnemental-numerique-2020-2030-2050.html )
- En moyenne, un Français génère, pour ses seuls usages numériques 301 kg/an de déchets (y compris électroniques ou liés à l’extraction des matières premières) et 949 kg/an de ressources utilisées (comprenant ressources abiotiques -matériaux, énergie fossile…-, biomasse, déplacements de terre et l’eau.) pour la fabrication des équipements (source Ademe/Arcep https://www.arcep.fr/la-regulation/grands-dossiers-thematiques-transverses/lempreinte-environnementale-du-numerique/etude-ademe-arcep-empreinte-environnemental-numerique-2020-2030-2050.html)
- A horizon 2030, si rien n’est fait pour réduire l’empreinte environnementale du numérique et que les usages continuent de progresser au rythme actuel, le trafic de données serait multiplié par 6 et le nombre d’équipements serait supérieur de près de 65 % en 2030 par rapport à 2020, notamment du fait de l’essor des objets connectés. Il en résulterait des augmentations, entre 2020 et 2030 :
- de l’empreinte carbone du numérique en France : environ + 45% (pour atteindre 25 Mt CO2eq)
- de la consommation de ressources abiotiques (métaux et minéraux) : + 14 %
- de la consommation électrique finale en phase d’usage : + 5 % (pour atteindre 54 TWh par an).
(source Ademe/Arcep https://presse.ademe.fr/2023/03/impact-environnemental-du-numerique-en-2030-et-2050-lademe-et-larcep-publient-une-evaluation-prospective.html )
Sommaire du dossier :
1/ LES ENJEUX ENVIRONNEMENTAUX ET SOCIAUX DU NUMERIQUE RESPONSABLE
2/ LES OBLIGATIONS LEGALES LIEES AU NUMERIQUE RESPONSABLE
3/ COMMENT METTRE EN PLACE UNE STRATEGIE NUMERIQUE RESPONSABLE ?
4/ RETOUR SUR INVESTISSEMENT ET AVANTAGES A LONG TERME
5/ CONCLUSION & ANNEXES/ LE NUMERIQUE RESPONSABLE : UNE STRATEGIE A MOYEN TERME GAGNANTE