Le succès d’une stratégie marque et produit cohérente et… intelligente – Interview d’Edith PETIT, Présidente de Tintamar SAS

L’essentiel :

  • Dans une activité de production-distribution des secteurs de la mode et du design, il est vital de centrer la stratégie de l’entreprise sur son cœur de compétences. A ce titre un dirigeant pourra être amené à déléguer la direction commerciale pour se concentrer sur la gestion de la marque et la direction produit. Il est au même titre indispensable de consacrer un budget R&D important pour se démarquer.
  • Il est essentiel pour un dirigeant de passer beaucoup de temps dans les échanges de points de vue et les explications autour des produits avec ses équipes, afin de conserver la cohérence du projet de l’entreprise et de nourrir le projet final.
  • L’entreprise doit défendre ses droits, et elle est généralement la plus à même de défendre les œuvres en contrefaçon, du fait de la lourdeur des procédures. C’est une raison essentielle pour la mise en place de cessions de droits avec les designers.

Créée en 2003, Tintamar est une marque dont l’identité et le positionnement originaux font le succès.

Tintamar, créateur, fabricant, distributeur de sacs et accessoires, fonde son concept sur la conjugaison de la praticité dans l’utilisation et l’esthétisme par les formes, les couleurs et les matières. Cela en fait un référent dans l’univers du sac et des accessoires de conception française, pour l’usage quotidien.

La marque est dynamique et en constante expansion : présence active sur les réseaux sociaux, distribution internationale… Tintamar est également présente dans les grands magasins, notamment aux Galeries Lafayette à Paris et en province.

Cette réussite est couronnée de nombreuses récompenses : trophée du design stratégique, prix de la meilleure performance d’export de la région Poitou-Charentes, et de nombreux prix remportés par les produits…

Edith Petit, la fondatrice et présidente de Tintamar, partage aujourd’hui avec nous son expérience de l’innovation par le design et de quelle manière sa stratégie d’entreprise a utilisé le levier du design.

Q. : Pouvez-vous nous raconter la saga Tintamar ?
Edith PETIT : Je viens du monde de la communication dans le luxe, avec une sensibilité au textile.

Lors d’une expérience en Cote d’Ivoire, où on mari travaillait, j’ai développé une gamme de vêtement pour femme enceinte, avec confection et couture locale des tissus.

En 1999, lorsque je suis revenue à La Rochelle, j’ai commencé à réfléchir à partir de mes besoins propres sur un produit qui allait devenir le cyclobag.

Les débuts ont été empiriques, en m’intéressant essentiellement aux utilisateurs. Puis très rapidement je me suis entourée de compétences pour professionnaliser ma démarche.

Q. : De quelle manière travaillez-vous avec les designers ?
EP : Je travaille à présent avec des créatifs, des stylistes, des designers en leur donnant comme référentiel la marque et le concept d’intelligent daily bag.

Des le début, en complément de notre création interne, j’ai fait appel à des stylistes extérieurs, et je reçois également des propositions spontanées. Nous nous sommes structurés il y a deux ans en menant une réflexion de fond sur la marque -nous avons pour cela fait appel à un responsable interne et à un concepteur rédacteur-. Nous avons depuis un directeur artistique qui définit le « style guide », la charte définissant un produit Tintamar. Tous les designers travaillant sur la marque se réfèrent à présent à ce guide. 



Q. : Dans ce cas, comment se passe la protection intellectuelle ?
EP : Nous déposons systématiquement les modèles, car dans notre secteur la contrefaçon est extrêmement fréquente. Dans ce cas nous ordonnons des saisies.

Il faut défendre ses droits, c’est pourquoi Tintamar pratique en principe des cessions de droits avec les designers : c’est ainsi que nous pouvons organiser notre propre défense.

Nous nous attachons les compétences d’un cabinet d’avocat spécialisé en propriété intellectuelle avec lequel nous échangeons pour déterminer la stratégie de défense appropriée en cas de copie servile…

Q. : Quel est votre investissement sur la création ?
EP : Depuis décembre 2010 j’ai recruté un responsable commercial pour me décharger de cette partie et m’investir totalement dans la stratégie et le développement de la marque, et surtout me consacrer au développement des produits. 

Le budget R&D est très variable…


Nous investissons également beaucoup dans les réseaux sociaux (Facebook en particulier), qui nous permettent de créer un lien avec nos clients et à obtenir de nombreux retours de leur part.

Q. : Parlons chiffres :
EP : Nous connaissons une continue croissance à 2 chiffres…

Nous avons fait 6,7 millions de CA en 2010

Nous pensons toujours à deux ans à l’avance, tous les résultats de l’entreprise sont réinvestis dans le développement de la marque. Nous n’avons donc pas été confrontés à des problèmes comme des seuils de croissance…

Nous employons 25 personnes en France, et notre filiale en Chine, qui gère la R&D, compte 5 personnes.
La construction de la marque ne peut pas se faire sans une équipe compétente, sans investissement humain… Notre entreprise grandit grâce aux nouveaux collaborateurs !

Q. : Quel conseil donneriez-vous aux patrons de PME/PMI ?
EP :

  • S’entourer de compétences internes et externe si nécessaires
  • S’attacher à être curieux et innovant
  • Faire preuve d’astuce
  • Consacrer un budget R&D important pour se démarquer
  • Il faut passer énormément de temps dans les explications autour des produits avec ses équipes ; pouvoir échanger sur les points de vue, nourrir le projet final.

Fiche d’identification de l’entreprise :

  • Nom : Tintamar
  • Dirigeant : Edith PETIT (présidente)
  • Secteur : Maroquinerie – accessoires de mode
  • Date de création : 2003
  • Localisation : La Rochelle
  • Effectif : 30 salariés
  • CA 2010 : 6,7 M€ (+32% croissance / an)
  • Exportation : 65% du CA à l’export (25 pays)
  • Organisation :
    • siège social à La Rochelle/France, avec département License et B2B
    • 1850 points de vente
    • 4 usines en sous-traitance (France/Chine)
    • 1 filiale sourcing, suivi de production et contrôle qualité – Shenzhen/Chine
    • 1 bureau de représentation à Hong-Kong

crédit photo : Xavier Leoty

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